Une introduction à l'analyse d'Ariane Bilheran, philosophe, auteur et
conférencière, publiée le 24 janvier 2024 par sur
Antipresse.net.
Article intégrale accessible sur
le blog d'Ariane Bilheran.
Résumé :
L'opposition contrôlée est un concept subtil et filou utilisé par le pouvoir pour se maintenir en place en manipulant les masses et en dissimulant la véritable source du contrôle. En bref, il s'agit d'un mouvement de protestation qui, en réalité, est dirigé par des agents du gouvernement. Dans l'Histoire, les gouvernements ont souvent utilisé cette technique pour tromper et maîtriser leurs opposants.
Concrètement, dans le contexte des démocraties occidentales, l'oligarchie met en place une forme de contrôle en plaçant à la tête des formations politiques des candidats soigneusement sélectionnés par les instances mondialistes. Ces candidats sont ensuite mis en avant par les médias contrôlés par ces mêmes instances. En parallèle, une "opposition" est créée pour entretenir la fiction du pluralisme ou de l'alternance. Cette stratégie vise à canaliser la colère populaire et à neutraliser toute révolte potentielle.L'opposition contrôlée ou "le syndicat jaune"
Selon Ariane Bilheran, l'opposition contrôlée, également appelée « syndicat jaune », est une stratégie utilisée par les pouvoirs en place pour créer une fausse opposition en apparence extérieure au système.
Cette opposition canalise la colère du peuple tout en servant de « roue de secours » en cas de forte pression populaire. Elle permet au pouvoir de maintenir le contrôle et d'éviter des remises à plat des institutions ou des rénovations politiques. Les techniques employées incluent la création précoce de cette opposition de façade, l'orientation des mécontentements vers des revendications inoffensives, et la cartographie des opposants pour les neutraliser à terme.
En somme, c'est une tactique subtile visant à maintenir le statu quo tout en donnant l'illusion d'une contestation légitime.
Résumé de l'analyse d'Ariane Bilheran :
«
Lorsqu’un pouvoir enclenche une guerre contre sa population, pour faire
passer en force des mesures impopulaires et/ou divers projets tyranniques,
il sait qu’une frange politisée (au sens de l’engagement politique au sens
noble), certes minime mais solide, risque de réagir. Il anticipe et
canalise donc cette colère en fabriquant « sa » résistance, produit
de la même ingénierie et de la même ardeur avec lesquelles il s’emploie à
manipuler la population. Notons que les mêmes méthodes sont appliquées
dans les entreprises, lors de la création du « syndicat jaune » dont la
fonction sera d’être au service, non pas des travailleurs, mais des
patrons.
[…]
… Comment un pouvoir anticipe-t-il une résistance
et la contrôle de l’intérieur jusqu’à la neutraliser puis la dissoudre ?
Il est d’usage de parler d’opposition contrôlée (que j’appellerai ici «
syndicat jaune ») mais encore faut-il revenir sur les techniques
employées.
Cette opposition de façade est créée « dès le départ
». Ce point est essentiel. Elle a plusieurs fonctions. Tout d’abord,
orienter et concentrer le plus possible les mécontentements à un seul
endroit, tenu par ce même pouvoir derrière le ou les chefs du syndicat
jaune.
[…]
… Il s’agit de cartographier les opposants, ceci
afin d’obtenir l’intégralité des noms, et identifier les plus
problématiques parmi eux, tant en force et dangerosité qu’en puissance de
caractère et intégrité, dans l’intention de les neutraliser à terme.»
Ariane Bilheran explique en détails les 10 points clés mis en
place par le pouvoir pour neutraliser ses opposants :
- Le profilage
- Les deux stratégies
- Le chantage
- Le harcèlement
- L'infiltration
- Les guet-apens
- La séduction
- La terreur
- Les faux amis
- La substitution
Si les opposants qui dérangent le pouvoir continuent à avoir de l’audience,
c'est que les stratégies déployées pour les neutraliser ont échoué.
Dans ce cas, des actions radicales de censure et d’intimidation
sont prises (fermeture d’une chaîne YouTube, agressions physiques, etc.). Et
si, malgré tout, le message continue toujours de se diffuser, alors une
autre tactique est mise en place : la substitution.
La substitution consiste à créer des figures
«avatars» qui ont des styles, des profils et des discours semblables à ceux
des véritables résistants et qui viennent occuper les écrans à la place des
profils intègres et radicaux.
En conclusion, toute cette
résistance autorisée, si elle n’est pas identifiée et neutralisée
rapidement, entraînera le sacrifice des profils innocents et des intègres,
ce qui arrangera tous ceux qui ont chuté dans la corruption et
l’opportunisme. Le pouvoir aura gagné la partie, notamment s’il y a
«révolution» ou «renversement», car en réalité les nouveaux chefs auront
toujours travaillé à son service…
Un os à ronger…
A
l'opposé de la résistance contrôlée, il y a la
résistance aveugle, vouée au naufrage. L'aveuglement des résistants
est provoqué par une stratégie non évoquée par Ariane Bilheran. C'est une
manipulation qui consiste à créer des leurres, sur lesquels les opposants
vont focaliser leurs actions revendicatrices. Ainsi, pendant que la
résistance s'acharne sur des "faux projets", le pouvoir avance
discrètement sur son projet essentiel sans rencontrer de résistances,
l'opposition étant occupée ailleurs…
La métaphore du taureau dans l'arène symbolise, d'une certaine
manière, la résistance aveugle. Aveugle, car le taureau
résiste avec force et courage, mais ne voit pas l'épée derrière la
cape du toréador. Il ne sait pas qu'on lui fait jouer un jeu de dupe, dont
l'issue ne peut que lui être fatale. Le toréador épuise le taureau en
agitant devant lui la cape pour attirer son attention, et en lui plantant au
passage les banderilles dans le dos. Et au final, quand le taureau est
épuisé, sur le point de s'écrouler, le toréador lui donne l’estocade en
plantant son épée jusqu'au cœur. La résistance trépasse…
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